The French TouchEvocation de l'enthousiasme pour le jazz des musiciens dans la France des années 1920 à 1950Sommaire :
1) Durant l'entre-deux-guerres, Paris vit intensément aux rythmes du jazz |
En 1917, Jim Europe et sa fanfare du 15ème Régiment d'Infanterie, les "Hellfighters" viennent en France pour réconforter les troupes américaines. Puis en 1918, les musiciens français découvrent le jazz en écoutant avec enthousiasme les concerts de la formation de Jim Europe organisés dans vingt cinq villes de France.
Le 22 janvier 1922 est inauguré près du rond-point des Champs-élysées,
le club de jazz "Le BOEUF sur le TOIT", qui devient le premier temple du jazz à Paris.
Jean Wiener, jeune pianiste conquis par le jazz, y joue presque tous les soirs le ragtime. D'autres musiciens fréquentent le club : le pianiste Arthur Rubinstein et le compositeur Maurice Ravel. C'est d'ailleurs là que Ravel rencontre le tromboniste Léo Vauchant Arnaud, l'un des pionniers du jazz en France qui sera engagé à Hollywood en 1936 comme orchestrateur et chef d'orchestre.
C'est aussi dans ce club que le guitariste Django Reinhardt débute.
Le 2 octobre 1925, c'est le triomphe de la première Revue Nègre, au Théâtre des Champs-Élysées de Paris, avec Sidney Bechet dans la fosse d'orchestre et Joséphine Baker interprétant un tableau baptisé "La Danse sauvage". Elle danse, vêtue d'un simple pagne de bananes, avec un déhanchement incroyable sur un rythme de charleston, une musique de jazz alors encore inconnue en Europe.
Le saxophoniste - clarinettiste André Ekyan fut un des premiers musiciens de jazz français.
Dans la seconde moitié des années Vingt, André Ekyan joue au "Perroquet" en compagnie des musiciens du saxophoniste belge Paul Gason et son "Versatile Orchestra".
Puis dans les années Trente, André Ekyan se produit dans de nombreux clubs, à l'Abbaye de Thélème, au Fétiche et à la Music Box.
Il y rencontre beaucoup de musiciens de l'époque Philippe Brun (tp), Harry Cooper (tp), Freddie Johnson, Guy Paquinet (tb).
En 1931 et 1932, André Ekyan dirige l'orchestre du club la "Croix du Sud", qui emploie Stéphane Grappelli, Alain Romans, Django Reinhardt et Alix Combelle.
À cette époque, Django Reinhardt joue également avec l'accordéoniste d'origine italienne Vetese Guerino, l'un des as de l'âge d'or du musette et les frères Baro et Matelo Ferret.
Puis en 1933, André Ekyan joue dans la salle de Music-hall de l'Olympia avec les Grégoriens de Grégor Kelekian.
Le 26 octobre 1928, dans un incendie Django Reinhardt est sérieusement atteint à la jambe droite et à la main gauche.
Celle-ci cicatrisant très difficilement, il reste près de 18 mois à l’hôpital.
Django a perdu l’usage de deux doigts, mais s’obstine et développe une nouvelle technique guitaristique.
À sa sortie d’hôpital en 1930, Django Reinhardt découvre que la guitare a gagné sa place au sein des orchestres de Jazz, cette nouvelle musique venue des États-Unis. En effet, la guitare et la contrebasse à cordes remplacent progressivement le banjo et le tuba.
Les premiers contacts de Django avec la musique de Duke Ellington (p), Joe Venuti (vin), Eddie Lang (g) ou Louis Armstrong (tp) sont un grand choc, et le jeune guitariste décide de consacrer son existence à la pratique du Jazz.
Raymond Ventura, dit Ray Ventura joue un rôle non négligeable pour la promotion du jazz en France. Influencé par les orchestres de Paul Witheman aux États Unis et de Jack Hylton en Grande-Bretagne, Ray Ventura fonde un des premiers orchestres à sketches de France, "Ray Ventura et ses Collégiens" qui se produisent en concerts et en tournées à partir de 1931. Ray Ventura est secondé dans son entreprise par Philippe Brun, Alix Combelle, et Guy Paquinet. Ray Ventura réunit dans sa formation des musiciens de talent qui marqueront la chanson française : Paul Misraki (pianiste), Loulou Gasté (guitariste, banjo), Coco Aslan (chanteur et percussionniste), rejoints par Raymond Legrand (orchestrations) en 1934. La plupart des grands succès des Collégiens de Ray Ventura sont dus à Paul Misraki pour la musique et à André Hornez pour les paroles.
Sous l'influence de Ray Ventura, dont les musiciens sont également comédiens et chanteurs, les orchestres à sketches se multiplient : Fred Adison et Jo Bouillon avant la Seconde Guerre mondiale, Raymond Legrand sous l'Occupation, Jacques Hélian à la Libération.
A partir de 1931, le batteur Albert Lapeyrère qui prend le nom de scène de Fred Adison devient chef d'une formation considérée swing qui se produit jusqu'à la fin des années 50. La musique vient par ici
enregistré en 1936.
L'enthousiasme pour le jazz prenant de l'ampleur, en 1932 deux étudiants parisiens, Jack Auxenfans et Elwyn Dirats, fondent une association pour promouvoir cette musique. Puis les critiques de jazz Pierre Nourry, Jacques Bureau et Hughes Panassié, rejoints un an plus tard par Charles Delaunay créent le Hot Club de France. A Paris, le 1er février 1933, le Hot Club de France organise un concert avec Freddie Johnson, Garland Wilson, Spencer Williams et Louis Cole. En 1935, Hugues Panassié,critique et producteur de jazz français, participe avec Charles Delaunay à la création du magazine bilingue français-anglais Jazz Hot, l'une des premières revues de jazz. Hugues Panassié en est le directeur et Charles Delaunay le rédacteur en chef. En 1936, Charles Delaunay publie en français et en anglais la Hot Discography, ce livre "Discographie hot" connaîtra de nombreuses rééditions. |
De gauche à droite : Stéphane Grappelli (vin), Roger Chaput (g), Django Reinhardt (g), Louis Vola (b), Joseph Reinhardt (g), 1934 |
En 1934, Django Reinhardt joue dans l'orchestre de Louis Vola au Claridge, où joue également le violoniste Stéphane Grappelli.
Stéphane Grappelli et Django Reinhardt fondent un combo qui prendra le nom du "Quintette du Hot Club de France". Ce groupe comprend également le frère de Django, Joseph, alias « Nin-nin », ainsi que Roger Chaput à la guitare et Louis Vola à la contrebasse.
Les cinq musiciens inventent une musique innovante qui remporte un grand succès.
C'est le premier orchestre de jazz qui ne recourt ni aux cuivres, ni aux anches, ni à la batterie.
Le jazz est alors objet de culte pour des puristes du Hot Club de France. Pendant son passage en France en 1934, Coleman Hawkins rencontre Django Reinhardt, Alix Combelle, et Stéphane Grappelli. Les années suivantes, le Quintette du Hot Club de France enregistre de nombreux disques et jouent dans toute l’Europe aux côtés des plus grands musiciens de l’époque, tels que Coleman Hawkins, Benny Carter ou Rex Stewart. Django Reinhardt et le Quintette Du Hot Club De France avec Stéphane Grapelly enregistrent Blue Drag en 1935 (label Ultraphone AP-1479). |
De gauche à droite : Stéphane Grappelli (vin), Joseph Reinhardt (g), Django Reinhardt (g), Louis Vola (b), Pierre "Baro" Ferret (g) Cette photo a été en couverture de Jazz Hot n°8 de mai 1936 |
Aux côtés de Django plusieurs guitarites ont joué dans le Quintette du HCF. Ainsi dans les enregistrements de juillet et septembre 1935, Roger Chaput est remplacé par Pierre "Baro" Ferret. Dans les enregistrements d'avril 1937, figurent comme 2ieme et 3ième guitaristes Pierre "Baro" Ferret et Marcel Bianchi. Et en novembre et décembre 1937, les 3 guitaristes sont Django, son frère Joseph, et Eugène Vées. |
De gauche à droite : Hubert-Rostaing (cl), Eugène Vées (g), André Jourdan (d), Django Reinhardt (g), Francis Lucas (b), 1941 |
Le clarinettiste Hubert Rostaing apparait au côté de Django pour la première fois le 1er octobre 1940 pour les enregistrements à Paris de Nuages, de Rythme futur, de Begin The Beguine, de Blues, de Coucou et de Indécision. A cette occasion un nouveau Quintette du Hot Club de France est né, la clarinette se substituant au violon et la batterie à la seconde guitare rythmique. |
En 1935, André Ekyan lance le "Jazz Ekyan" lors des "thés-dansants" aux Champs-Élysées. Puis en 1936, crée le dancing-bar restaurant "Swing Time" où il conduit l'orchestre et où sont organisées par le "Hot Club de France", les "Swing Time tea parties" qui attirent de nombreux amateurs de musique de danse et de jazz.
Le trompettiste, tap dancer et chanteur Freddy Taylor venu en Europe en 1933 avec l'orchestre de Lucky Millinder reste à Paris et crée sa propre formation. Il dirige de 1934 à 1935 l'orchestre de la "Villa d'Este" 4, rue Arsène Houssaye à Paris (8ème ).
Son orchestre jazz « his swing men from Harlem » se composait de huit musiciens, presque tous excellents, selon Hugues Panassié : Charlie Johnson (trompette), Fletcher Allen et Chester Lanier (saxophones), John Ferrier (piano), Sterling Connaway (guitare), William Diemer (batterie), Jose Riestra (contrebasse), Oscar Aleman (guitare). Voici leur interprétation de Blue Drag
enregistré en avril 1935 (label Ultraphone AP-1489) Freddy Taylor and his Swing Men From Harlem - Freddy Taylor (tp & vo); Charlie Johnson (tp); Chester Lanier (cl,as & bs); Fletcher Allen (cl,ts & arr.); John Ferrier (p); Oscar Aleman (g); Eugène d’Hellemmes (b); William Diemer (dm). |
Michel Warlop, violoniste de formation classique, est engagé au début des années 30 dans l'orchestre Grégor & ses gregoriens où il côtoie Stéphane Grappelli (alors pianiste) puis devient un spécialiste du jazz et l'un des meilleurs arrangeurs. Michel Warlop réalise avec son orchestre plusieurs enregistrements dès 1933 dont Budding Dancers le 17 avril 1936 à Paris, où figurent Michel Warlop (vin), Django Reinhardt (g), Joseph Reinhardt (g), Alex Renard (tp), Maurice Cizeron (fl, as, cl) Alix Combelle (ts), Emile Stern (p), Louis Vola (b). Dans cet enregistrement, du 14 décembre 1937 à Paris, de Mabel (D. Reinhardt et S. Grappelli) une section de cuivres (celle de l'orchestre de Ray Ventura) se joint à l'ensemble à cordes du Quintette du Hot Club de France pour former un ensemble instrumental intéressant avec les musiciens : Philippe Brun, André Cornille, Gus Deloof (tp); Josse Breyere, Guy Paquinet (tb); Stephane Grappelli (vin); Django Reinhardt (g); Joseph Reinhardt, Eugène Vées (rhythm g); Louis Vola (b). |
Passionné par le jazz, Alix Combelle devient vite un des pionniers de cette musique en Europe.
Bientôt, occasion lui est donnée de jouer avec les musiciens afro-américains qui passent par la capitale.
Alix Combelle apprend beaucoup à leur contact et, à partir de 1937, participe à de nombreux disques avec les meilleurs d'entre eux. |
A l'occasion de l'Exposition internationale « Arts et Techniques dans
la Vie moderne », qui s'est tenue à Paris du 25 mai au 25
novembre 1937, le trompettiste Bill Coleman et plusieurs musiciens du big-band de Teddy Hill, dont Dickie Wells, sont venus représenter les Etats-Unis. C'est ainsi que le 7 juillet 1937 Django Reinhardt joue avec l'orchestre de Dickie Wells. Avec Bill Dillard, Lester "Shad" Collins (tp), Bill Coleman (tp, v), Dickie Wells (tb, arr, dir), Django Reinhardt (g), Richard "Dick" Fullbright (b), Bill Beason (d), l'orchestre enregistre : Buggle Call Rag ; I Got Rhythm ; Sweet Sue, Just You ; Hangin Around Boudon ; Japanese Sandman ; Between The Devil And The Deep Blue Sea
(Ted Koehler, Harold Arlen). |
Philippe Brun étudie le violon au Conservatoire de Paris, et obtient un Premier Prix. Féru de jazz, il apprend aussi, en autodidacte le cornet, le bugle et la trompette qu'il pratique en 1926 dans l'orchestre de l'ABBAYE de THELEME.
Philippe Brun joue de 1930 à 1936 à Londres dans l'orchestre du Britannique Jak Hylton, avant de rejoindre à Paris les Collégiens de Ray Ventura.
En 1937, il enregistre avec Alix Combelle and his Swing Band. Il participe aussi à des enregistrements avec Django Reinhardt et Stéphane Grappelly.
Au début de la guerre, il dirige sa propre grande formation qu'il appelle : Philippe Brun ... et son Swing Band ou : ...et son Jam Band ou encore : ...et son Jazz Band. Il fait partie, en février 1940, du grand orchestre de Django : Django's Music.
Il est considéré comme le meilleur trompettiste européen avant 1940.
Philippe Brun (tp) and his Swing Band enregistre le morceau Bouncin' Around
le 8 mars 1938 à Paris (label Swing) : avec Django Reinhardt (g),
Gus Deloof, André Cornille (tp); Guy Paquinet, Joysse Breyere (tb); Max Blanc, Charles Lisee (as); Noel Chiboust, Alix Combelle (ts); Stephane Grappelly (piano !); Louis Vola (b); Maurice Chaillou (d)
Philippe Brun Jam Band enregistre aussi Doin' The New Low Down
en mars 1938 à Paris (label Swing) : avec Django Reinhardt (g);
Noel Chiboust (ts); Alix Combelle (cl); Stephane Grappelly (p); Louis Vola (b); Maurice Chaillou (d).
En 1937 André Ekyan enregistre avec Django Reinhardt : "Tiger Rag", Pennies From Heaven"...
En 1938, la chanson du compositeur-chanteur Johnny Hess Je suis swing lance la mode zazou en France. L'onomatopée "zazou" répétée plusieurs fois dans le refrain est empruntée au morceau "Zaz Zuh Zaz" de Cab Calloway.
Le 30 janvier 1939, à Paris, le clarinettiste Danny Polo réunit ses "Swing Stars" : Philippe Brun (tp) Alix Combelle (ts) Uma Mae Carlisle (p) Oscar Aleman (g) Louis Vola ((b) Jerry Mengo (d), pour enregistrer quelques musiques dont Montparnasse Jump
(Leonard Feather / Danny Polo).
Lorsque la seconde guerre mondiale éclate en 1939, le Quintette du Hot Club de France est en tournée en Angleterre. Tandis que Stéphane Grappelli choisit d’y rester, Django retourne en France, à Toulon.
Il passe la guerre en Zone Libre, jouant à Paris, voyageant et tentant même de gagner la Suisse sans succès.
Les Nazis considéraient le jazz comme un "art nègre dégénéré", et le régime de Vichy n’était pas plus tendre pour les "zazous swingueurs". Et pourtant, il y avait des concerts de jazz et des enregistrements de disques, à Paris, pendant la guerre. Le "In the Mood" de Glenn Miller , rebaptisé "L’ambiance", a été diffusé sur les ondes bien avant la Libération.
Voici un enregistrement de 1941 de l'Orchestre "Le Jazz de Paris" d'Alix Combelle
En juin 1940, les Allemands sont à Paris et l'organisme "Propaganda Staffel" contrôle les activités artistiques, en interdisant par exemple les compositeurs juifs et américains.
Pour le jazz rien n'est prévu par les censeurs : il n’y a aucune liste de standards précis mis à l’index, comme c’est le cas par exemple en littérature.
Quant à la traduction en français des titres de standards américains, c’est Charles Delaunay, la figure légendaire de "Jazz Hot", qui en prend l’initiative dès 1940, pour contourner, disait-il, la censure. Les titres d'origine étant parfois cryptés ou loufoques, la traduction nous donne quelques perles :
Ainsi "South Rampart Street Parade" devient "Remparts du sud"
"Tiger Rag" devient "Le rugissement du tigre"
"Jumping at the Woodside" devient "Sautons à l'orée du bois"
"One O'Clock Jump" devient "Saut d'une heure"
"Sweet Georgia Brown" devient "Douce Georgette"
"St. Louis Blues" devient "La Tristesse de Saint-Louis"
"Dinah" devient "Dinette"
"Sophisticated Lady" devient "Vous êtes vaporeuse"
"I Got Rhythm" devient "Agatha rythme"
"Saint Louis Blues" devient "Saint-Louis Pelouze"
"Sugar Foot Strut" devient "Danse nègre après la moisson"
Sous l'occupation, le swing est mis à l'index mais sans être vraiment interdit. Pourtant des censeurs français ne manquent pas pour critiquer cette jeunesse qui s'empare du mot "swing" pour en faire une religion, pour se déguiser, pour se donner des airs affranchis... (extrait de la revue "Les Ondes"). Un journaliste du "Paris Midi" déclare même que "Le jazz et le swing sont les fléaux de L'Europe nouvelle". Le 11 novembre 1940 des étudiants frustrés manifestent à l'Arc de triomphe. Parmi ces futurs zazous, nombreux se retrouveront le 19 décembre 1940, salle Gaveau, pour un "Festival Swing" organisé par Charles Delaunay.
Au cours de cette période, la coupure avec les maîtres américains va obliger nos jazzmen français à ne compter que sur eux-mêmes. Du coup, notre jazz national sera plus créatif. Et à l'instar du Quintet du Hot Club de France, quelques orchestres swing se distinguent : le Jazz Gitan des frères Ferret, le Septuor à corde de Michel Warlop, le Jazz Musette de Gus Viseur et Tony Muréna... Plus qu'un style de musique, le swing devient un style de vie, une mode : "Je suis Swing !".
La formation de Django Reinhardt "Django's Music" enregistre à Paris le 22 mars 1940 At The Jimmy's Bar
, avec : Philippe Brun, Alex Renard (tp) ; Alix Combelle (cl, ts) ; Charlie Lewis (p) ; Django Reinhardt, Pierre "Baro" Ferret (g) ; Eugène Soudieux (b).
Fin 1940 Noël Chiboust commence sa carrière de chef d'orchestre. Le 22 octobre 1940 il enregiste sous le label "swing" Sérénade d'hiver, Le Sheik, Noël Blues, Margie, Bijou
avec Aimé Barelli (tp), Max Blanc (cl, as), Alix Combelle (ts), Noël Chiboust (ts, dir), Raymond Wraskoff (p), Django Reinhardt (g), Francis Luca (b), Pierre Fouad (d).
Le 26 décembre 1940, il figure aussi dans la formation de Django Reinhardt : « Django's Music » pour l'enregistrement de Stockholm.
Noël Chiboust (ts) enregistre, le 14 octobre 1941, avec son Orchestre : Caturegli, Mouflard, Renard (tp), Gladieu (tb), Rostaing (as,cl), Lisée (as), C. Hary (ts,cl), M. Hugot (ts), J. Ferrier (p), J. Reinhardt (g), Soudieux (b), Molinetti (d). Riff 41
En 1940 le clarinettiste et saxophoniste Hubert Rostaing est engagé dans le quintette du Hot Club de France, où il remplace Stéphane Grappelli. Il y joue du jazz et du swing, en compagnie de Pierre Fouad, Robert Mavounzy, Charley Bazin, Django Reinhardt et l'accordéoniste de jazz Gus Viseur.
Le Quintette du Hot Club de France enregistre le 13 décembre 1940 avec Hubert Rostaing (cl), Django Reinhardt, Joseph Reinhardt (g), Alix Combelle (cl), Tony Rovira (b), Pierre Fouad (d) l'immense succès Nuages
Etabli à Londres durant la guerre, Stéphane Grappelli réenregistre Dinah
le 9 avril 1941. Il est accompagné par des musiciens anglais : George Shearing (p), Jack Llewellyn (g), George Gibbs (b) et Dave Fullerton (d).
Sous l'occupation Alix Combelle dirige l'orchestre "Le Jazz de Paris", où jouent les trompettistes Aimé Barelli et Christian Bellest.
Puis dans les années quarante, Alix Combelle joue dans des formations de jazz avec Arthur Briggs, Jonah Jones, Buck Clayton, Ray Ventura ou Michel Warlop.
André Ekyan (as) enregistre le 22 février 1940 avec son Orchestre : Django Reinhardt (g), Pierre "Baro" Ferret (g), Emmanuel Soudieux (b) Sugar
Photo en couvertrure du JAZZ HOT n° 79 Juillet - Août 1953 |
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Pierre Allier (tp) et son Orchestre ; J.Heutchel, G.Wallez (tp), A.Cauzard (tb), H.Rostaing (cl, ts), Lisée, P.Martineau (as), R.Allier (ts), P.Collot (p), D.Reinhardt (g), J.Belloni (b), P.Fouad (d) ; enregistrent le 18 décembre 1940 Swinging the blues |
Voici un enregistrement de 1940, de Ray Ventura et ses collégiens Tiens, tiens, tiens (André Hornez / Paul Misraki). |
Aimé Barelli (tp) enregistre avec son Orchestre en 1941 Souvenirs |
Raymond Legrand et son Orchestre enregistre en 1941 Etes vous |
L'accordéoniste Gus Viseur enregistre le 20 mai 1942 à Paris avec son Orchestre : André Lluis (cl), Joseph Reinhardt (g), Joseph Sollero (g), Maurice Speilleux (b) Swing 42 |
L'harmoniciste Dany Kane et son ensemble enregistrent à Paris en avril 1943 Agatha Rhythm (I Got Rhythm). Dany Kane (har) Pierre Delhoumaud (cl) Yvonne Blanc (p) Etienne "Sarane" Ferret (g) Roger Grasset (db) Jerry Mengo (d). |
Le batteur Pierre Fouad enregistre avec son Orchestre : Hubert Rostaing (cl), Alix Combelle (cl, ts), Django Reinhardt, Eugène Vées (g), Emmanuel Soudieux (b), le 11 septembre 1941 Swing 42
Jean Yatove compose et enregistre avec son Orchestre de Radio Paris, en décembre 1941 Swing obsession
En 1942 Robert Mavounzy et Al Lirvat, furent les défenseurs de la Biguine en jouant à Paris notamment à la brasserie La Cigale qui devient le rendez-vous des amateurs de "Swing antillais" et de tous les musiciens de jazz de Paris, antillais ou non.
Robert Mavounzy, grand musicien de jazz d'origine caribéenne, saxophoniste et clarinettiste autodidacte, intègre le mouvement du jazz en France en lui apportant la gaîté propre à la biguine.
Au mois de juin 1942, Robert Mavounzy est engagé dans l'orchestre du camerounais Fredy Jumbo qui officie à la brasserie "la cigale" ; Mavounzy est au saxo alto, Sylvio Siobud au saxo ténor, l'haïtien Maurice Thibault au piano, Henri Godissard le Guyanais à la contrebasse et Fredy Jumbo à la batterie. Le 18 Novembre 1942 l'orchestre de Fredy Jumbo enregistre chez "Polydor". Pour la circonstance, Robert Mavounzy fait appel à son ami Albert Lirvat qui intègre la formation pour la guitare.
Le guitariste Albert Lirvat d'origine antillaise est un des pionniers de la musique tropicale, et inventeur du wabap. Il est engagé en 1941 par Félix Valvert qui l'incite à apprendre le trombone. Il se produit avec l'orchestre de ce dernier à la Boule Blanche.
Le 7 juillet 1943, Robert Mavounzy joue dans le grand orchestre de Django Reinhardt, à l'occasion de l'enregistrement à Paris, pour le label Swing, des trois titres : Gaiement, Blues d'Autrefois et Place de Brouckère
Le titre Partie de Plaisir
, est l'un des cinq que Robert Mavounzy (cl, as) enregistra chez Swing le 8 juillet 1943 avec Gus Viseur, roi de l'accordéon-jazz, André Lluis (cl), Gaston Durand (g), Jean ferret (g), Jacques Petitsigné (b).
Début 1945, le Hot-Club de France publie les résultats du référendum annuel qu'il organise auprès de ses abonnés. Albert Lirvat arrive en tête parmi les trombones devant Guy Paquinet et Maurice Gladieu. Dans la catégorie saxophone, Robert Mavounzy se classe deuxième, après André Ekyan mais devant Hubert Rostaing.
Le pianiste Eddie Barclay organise durant l'occupation des fêtes clandestines dans une cave de la rue Saint-Benoît à Saint-Germain-des-Prés où la jeunesse zazou vient l'écouter jouer du jazz américain avec ses amis de son groupe de jazz : Django Reinhardt, Boris Vian, Henri Salvador et Moustache. Eddie Barclay se produit le 18 octobre 1942 au Festival de Jazz de Bordeaux.
Plusieurs compositions d'Hubert Rostaing sont enregistrées à Paris en août 1943 par "Le Quintette Français" dont Chiffon
avec Hubert Rostaing (cl), Bob Castella (p), Eugène Vées (g), Tony Rovira (b), Pierre Fouad (d).
Le trompettiste Christian Bellest et son orchestre enregistre à Paris en février 1944 Elle et lui
de Louis Gasté et Alix Combelle, avec Chico Cristebal (as) Robert Merchez, Michel Donnay (ts) Yvonne Blanc (p) Roger Chaput (g) Luciens Simoens (b) Jerry Mengo (d)
Ray Ventura, qui est juif, doit se réfugier en Amérique du Sud où il dirige un orchestre de « big band » de 1942 à 1944 avant de revenir en France et créer une nouvelle formation (1945-1949).
Quant à André Ekyan, il continue à se produire avec son quintette, au cinéma Normandie et à la salle Pleyel.
En 1944, Hubert Rostaing joue dans des salles de spectacles diverses parisiennes dans lesquelles il croise l'orchestre de Claude Abadie, Eddie Barclay et Boris Vian.
Les V-DISC, abréviation de Victory Discs, étaient les disques enregistrés pendant la Seconde Guerre mondiale, à partir de 1943, à l'initiative du Département de la Guerre américain pour le moral des troupes militaires alors sur le front. Ces disques se présentant comme des 78 tours de 30 cm ont été publiés jusqu'en 1948. En tout, 905 disques ont été produits et environ 4 millions d'exemplaires envoyés sur les différents fronts. Ces disques ne devaient pas être commercialisés et en 1949 toutes les matrices ont été détruites. La plupart des exemplaires de "V disks" en circulation n'ayant pas été détruits, de nombreux disques furent republiés en éditions plus ou moins "pirates". Et actuellement de nombreux labels ré-éditent légalement ces enregistrements. |
À la Libération en 1944, après une séparation de sept ans Django Reinhardt retrouve Stéphane Grappelly avec lequel il improvise sur une Marseillaise, rebaptisée Echoes of France
pour cause d'enregistrement en Angleterre, qui restera célèbre. Puis, le Hot Club de France reprend enregistrements et tournées.
L'orchestre de Jacques Hélian parvient à la notoriété, en remplaçant de fait celui de Raymond Legrand, dissous à la même époque.
Son indicatif, Fleur de Paris (paroles de Maurice Vandair, musique d' Henri Bourtayre) fait figure d' "hymne de la Libération".
Le tromboniste américain et chef d'orchestre de jazz Glenn Miller, promu au grade de capitaine, dirige le "Glenn Miller Army Air Force Band". Cet orchestre de jazz et de danse militaire donne des concerts "pour le moral des troupes" en Europe. En 1944, l’orchestre est basé à Londres, et le 15 décembre, Glenn Miller embarque dans un petit avion pour la France pour y préparer l'arrivée de son orchestre, mais malheureusement l’avion n’arrivera jamais à destination.
La musique de l'orchestre de Glenn Miller appartient à la mémoire collective en évoquant la Seconde Guerre mondiale, la libération, et plus largement les années 40. Les titres les plus connus de ce big band : In the Mood, Moonlight serenade, Tuxedo junction, Pennsylvania 6-5000, Anvil chorus, Chattanooga Choo Choo, American patrol.
Dans les années 1940, les premières expériences du nouveau style be-bop ont lieu au cours des sessions de Thelonious Monk, Charlie Parker et Dizzy Gillespie, et les premiers enregistrements datent de 1945. L'éclosion de ce nouveau courant du jazz déclencha une controverse en France, entre les partisans du "vieux style" contre ceux du "be-bop". La polémique créa même une scission au sein du Hot Club de France, où Charles Delaunay défendait le bebop, tandis que Hugues Panassié rejetait violemment le bebop, qu'il considérait distinct du jazz.
Django Reinhardt est l'un des premiers en France à comprendre le be-bop, cette révolution du jazz venue des USA. |
Claude Bolling attiré très tôt par la musique festive du pianiste Thomas Fats Waller, n'a que 14 ans en 1945 quand il remporte le tournoi des amateurs, organisé par Jazz Hot et le Hot Club de France à Paris.
Jack Diéval, musicien-compositeur de jazz, collabore à divers projets avec des musiciens comme Guy Lafitte, et des paroliers comme Boris Vian qui lui écrira 2 textes en 1945 : "Ce n’est que l’ombre d’un nuage" et "J’ai donné rendez-vous au vent".
Boris Vian sera chroniqueur dans Jazz Hot de décembre 1947 à juillet 1958, où il tient une « revue de la presse » explosive et extravagante.
En 1947, André Ekyan joue avec son orchestre le célèbre titre : "Hey-ba-ba-re-bop", créé par André Salvador, frère d'Henri Salvador. Ce titre fut Grand prix du Disque 1947.
Au cours de sa tournée au Brésil Ray Ventura s'adjoint Henri Salvador et André Ekyan, puis, deux ans plus tard, le trompettiste français Georges Henry lors de sa tournée en Argentine. De retour en France au lendemain de la guerre, Ray Ventura et sa formation remportent de nouveaux succès (Maria de Bahia, 1947 ; La Mi-Août, 1949, deux chansons de Paul Misraki), et jouent dans plusieurs films (Nous irons à Paris ; Nous irons à Monte-Carlo).
Après la guerre, André Ekyan joue avec Django Reinhardt. Il y emploie également le pianiste Léo Chauliac, le contrebassiste Emmanuel Soudieux, le batteur Pierre Fouad et Ernst Engel.
Plusieurs clubs de jazz ouvrent à Paris : le Caveau de la Huchette, le Club des Lorientais en 1946 ; le Tabou à Saint-Germain-des-Prés en 1947 ; Le Vieux Colombier, le Club Saint-Germain, le Kentucky Club en 1948.
En février-mars 1948 Dizzy Gillespie revient à Paris pour de fameux concerts de jazz salle Pleyel.
En 1949, Jack Diéval devient l’accompagnateur musical d’Henri Salvador.
En mai 1949 a lieu le premier Festival du Jazz à Paris, avec à l'affiche de grands musiciens : Charlie Parker, Miles Davis, Tadd Dameron, Kenny Clarke, Max Roach, Hot Lips Page, Sidney Bechet. Invité à représenter le jazz traditionnel face à Charlie Parker, Sidney Bechet donne un concert exceptionnel salle Pleyel. Suite à son triomphe, Anet Badel engage le clarinettiste au Club du Vieux Colombier, après avoir embauché l'orchestre de Claude Luter au début de 1949.
Grâce au talent de Sidney Bechet, ce temple du jazz traditionnel dans le Paris de l'après-guerre concurrença le Club Saint-Germain qui défendait plutôt les couleurs du jazz moderne.
Claude Luter, clarinettiste, saxophoniste soprano et chef d'orchestre, joue et enregistre avec Sidney Bechet à partir de 1947.
Voici un enregistrement du 6 octobre 1950, de Sidney Bechet avec Claude Luter et son orchestre: Sidney Bechet (ss, voc), Pierre Dervaux (tp), Bernard Zacharias (tb), Claude Luter (cl), Christian Azzi (p) Roland Bianchini (b), Moustache Galépidès (d)
Lastic
(Sidney Bechet).
Vers 1950 la mode n'est plus aux grands orchestres, et Ray Ventura quitte la scène pour se consacrer à l'édition musicale (il contribuera ainsi à lancer Georges Brassens).
En 1951, Django Reinhardt joue régulièrement avec un orchestre composé des meilleurs be-boppers français : Roger Guérin, Hubert et Raymond Fol, Pierre Michelot, Bernard Peiffer, Jean-Louis Viale.
Toujours à l’avant-garde du jazz, Django enregistre son dernier disque le 8 avril 1953, avec Martial Solal au piano, Pierre Michelot à la contrebasse, Fats Sadi Lallemant au vibraphone et Pierre Lemarchand à la batterie.
Il mourut un mois plus tard, le 16 mai 1953, d'une hémorragie cérébrale.
Considéré avec Charlie Christian et Wes Montgomery comme l'un des meilleurs guitaristes de Jazz qui aient jamais existé, Django Reinhardt est aujourd'hui encore une influence majeure pour la plupart des guitaristes. Son style original, entre Jazz et musique Tzigane, s'est développé en un genre musical à part entière : le Jazz manouche.
En 1951 et 1952, Hubert Rostaing dirige l’orchestre du Moulin Rouge, puis travaille chez Patachou.
Guy Lafitte, saxophoniste ténor, collabore avec Mezz Mezzrow en 1951-1952, et participe à des concerts avec Big Bill Broonzy en 1951. En 1954 il joue avec Lionel Hampton et Emmett Berry.
Au début des années 1950, Michel Legrand, virtuose du jazz, pianiste classique et compositeur accompli, fut l'un des premiers Européens à travailler avec des étoiles montantes du jazz, tels Dizzy Gillespie, Miles Davis, Phil Woods, John Coltrane, Stan Getz et Bill Evans.
Michel Legrand réunit, lors de trois séances d’enregistrement réalisées en juin 1958 à New York, les meilleurs musiciens de jazz américains du moment, dont notamment Miles Davis, John Coltrane, Bill Evans, Ben Webster et Donald Byrd.
Tous les titres de l’album "Legrand Jazz", sorti en France en 1959, ont été choisis et arrangés par Michel Legrand, qui assuma également la direction des trois ensembles utilisés lors des séances.
Dans les années Cinquante, André Ekyan participe à l'émission radiophonique publique "Jazz Variétés", animée par André Francis et Charles Delaunay, d'abord au cinéma Rex puis dans la salle de spectacle de l'Alhambra.
En 1955, André Ekyan dirige son orchestre au restaurant Maxim's, et participe à l'orchestre de Ray Ventura au côté d'Henri Salvador.
Le 27 avril 1957, Hubert Rostaing accompagne Nat King Cole au Palais de Chaillot. La même année il dirige l'orchestre de la salle parisienne de l'Alhambra de Maurice Chevalier.
En 1958 et 1959, Hubert Rostaing s’intègre à la petite formation constituée par Bob Castella pour accompagner les récitals du chanteur Yves Montand.
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Les zazous : Swing Obsession 1938-1946 - Frémeaux & Associés - coffret de 2 CD |
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Jazz sous l'occupation - Collection Jazz In Paris |
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Django et compagnie - Collection Jazz In Paris |
- Articles sur Wikipédia
- Django - Patrick Williams - Éditions Parenthèses
- UNE CHRONOLOGIE DU JAZZ - Philippe Baudoin - Éditions OUTRE MESURE
- Site de Philippe Baudoin
www.baudoinjazz.com